Le Poeme du hachisch precede donc, dans les Paradis, Un mangeur d’opium, recomposition assez libre des Confessions d’un opiomane anglais de Thomas De Quincey, ou Baudelaire a tente de fondre ses « sensations personnelles avec les opinions de l’auteur original ». Lorsque Baudelaire publie Les Paradis artificiels en 1860, l’experience du hachisch n’a guere ete pour lui qu’une curiosite passagere, quand l’opium, au contraire, accompagne depuis longtemps le traitement de ses souffrances. On aurait tort pourtant d’y lire une apologie de la drogue – et l’adjectif artificiels a sa pleine valeur de denigrement. Le livre fut juge extravagant et immoral. Et c’est le livre d’une poesie fondatrice. Car s’ils transcrivent des experiences, les Paradis touchent a la quete de l’infini : art poetique dissimule, traite moral marque d’anecdotes, ils sont la clef d’un monde ou la volonte et la volupte entrent en concurrence pour que finalement triomphe une lumiere superieure qui refuse l’abandon trop facile a de fantasmagoriques jouissances. Из серии: Classiques de Poche
1972